À vos plumes, à vos pinceaux
Confinés de toutes les villes, îles, maisons, appartements … libérez la créativité qui est en vous en écrivant, peignant, rimant. Adressez-nous par mail vos textes (un feuillet maximum), photos, dessins librement inspirés par notre belle île, au loin sur la photo, prise de Porquerolles.
Nous publions ci-dessous le texte que nous a envoyé Nicolas, comédien de la troupe amateur des 7 de la Cité, ami de longue date de nos îles … empêché de jouer cette année pour cause de virus. La représentation des 7 « Panique au Plazza» est repoussée au mois de novembre : les7delacite.com
Comme je me languissais de ce confinement
Je ne me sentis plus guidé par les rumeurs.
Toutes ces infos criardes nous créent trop de tourments
Et nous noient d’anxiété face à tous ceux qui meurent.
J’étais plutôt soucieux des liens familiaux
Porteurs de tendresse et d’infinis tapages
Quand avec les miens, je choisissais mes mots
Echangeant des photos et d’insouciants messages.
Dans ces temps inédits, comme dans l’œil d’un cyclone
Je voulais relancer toutes ces fraternités.
J’écrivais à la hâte, en bleu, en vert, en jaune
Et j’envoyais ces mots sans aucune gravité.
L’isolement a béni mes éveils littéraires
Plus léger qu’un errant, j’ai balayé l’ennui
Qu’on dit source de maux, ceux là qui nous altèrent.
J’ai choisi de ne pas laisser gagner la nuit.
Plus légère qu’une aurore, j’ai transformé la vie.
J’ai affiché l’espoir comme source de renouveau
Et ces idées nouvelles m’ont tout d’abord ravies
En dispersant la joie pour vaincre le chaos.
Et d’instinct, je me suis réjoui d’inventer
Une nouvelle manière de concevoir demain
Délaissant cette folie de toujours consommer
Ne peut-on pas enfin dire qu’on n’a pas besoin ?
Arrêter pour une fois cette frénésie d’achats
Addiction si tenace et pourtant inutile
Casser ce rythme fou qui nous rend si béat
Et nous fait amasser des choses si futiles.
Je connais l’addiction de cette dépendance
Je sais la frustration que crée la nouveauté
J’ai vécu la folie de toutes ces dépenses
Qui nous laisse somme toute toujours insatisfait.
J’ai vu ces gens se battre pour une promotion
Pareils à ces acteurs de drames si stériles
Qui considèrent les soldes comme une adulation
Exaltés comme un peuple aux mœurs puériles.
J’ai rêvé d’un monde libre enfin débarrassé
De cette quête sans fin d’un bonheur impossible.
J’ai cru que l’homme pouvait choisir d’arrêter
Cette course infinie, quête de l’inaccessible.
Je l’ai imaginé comme étant à l’arrêt
Observant doucement le printemps qui s’invente
Découvrant la lenteur d’une nature qui renait
Contemplant pour une fois ces fleurs émouvantes.
J’ai voulu, savez-vous, croire à cette utopie
Que nous saurions un jour arrêter de courir
Et nous poser enfin pour regarder la vie
Et voir cette beauté qu’elle veut juste nous offrir.
Profiter de ce temps qui ne reviendra pas
Inventer autre chose comme un rêve oublié
Savoir qui nous aime, qui nous sert de compas
Et avoir une pensée pour tous les éloignés.
Tous ces arbres fruitiers qu’on ne regardait plus
Ces soleils flamboyants qu’on avait ignorés
Ces cieux immaculés qu’on n’avait jamais vus
Et ces parfums nouveaux que nul ne connaissait.
Et j’ai voulu montrer aux amis ces merveilles
Ces fleurs éblouissantes qui éclaboussent nos sens
Ces chants d’oiseaux qui sonnent juste comme un réveil
Et cette herbe si verte comme une renaissance.
D’incroyables désirs sont venus m’exalter
Je me suis senti neuf comme une source fraiche
J’ai voulu tout changer dans ce monde arrêté
Et choisir de ne pas refermer cette brèche.
Ne revenons jamais aux anciennes querelles
N’accordons plus crédit aux habitudes anciennes
Décidons pour nous mêmes ce qui est naturel
Choisissons ces passions qui seules nous appartiennent.
Nous avons cette chance de pouvoir faire le point
De quitter pour un temps cette course sans fin
Nous qui ne savions pas quel était le destin
On se noyait peut-être dans ce rythme malsain.
Nous sommes libres aujourd’hui enfin de renoncer
A vivre ce que déjà on savait inutile
Nous qui courrions sans fin sans jamais dénoncer
Vers des rêves enfouis aux allures mercantiles.
Remercions les veilleurs qui soutiennent nos malades
Soyons reconnaissants à ces armées de l’ombre
Qui tiennent le pays dans cette dégringolade
Et tentent d’éviter que les plus faibles ne sombrent.
Moi qui ne savais pas comment tout transformer
Qui n’avais pas choisi cette inactivité
Je ne regrette pas cette vie qui m’enfermait
Cette course folle de pantins agités.
J’ai compris qu’il fallait donner du sens aux actes
Si ce n’est aujourd’hui, quand donc le feras tu ?
L’occasion d’un instant, gardes la bien intacte
La laisseras tu passer, cette chance inattendue ?
On ne peut plus dire qu’on ne le savait pas.
Il faut dès maintenant changer d’activité
Pas attendre d’être vieux pour faire les bons choix
Et décider d’aimer cette immobilité.
Regardons nos enfants qui goûtent chaque instant
Dont les désirs sans fins s’accrochent avec douceur
Aux milles fantaisies de leurs rêves inconstants
Et qui s’inventent toujours comme d’ardents jouisseurs.
Les aubes sont sublimes, cette chance me grise.
Et nous sortirons tous de ce confinement.
Avec cette leçon juste que nous aurons apprise
Illuminant nos vies d’un espoir triomphant.
Nicolas Sauvaige
Librement inspiré du bateau ivre d’Arthur Rimbaud
1er avril 2020
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